Je resemble à un trait, à un tiret. Je me cache près d'une parenthèse, juste à ses pieds, tel un atome gris, je veille. Je me cache pour que personne ne me reconnaisse, pour que mon visage se dilate dans l'obscurité. Que je ne sois plus concentrée en moi-même, que je sois éparpillée, creusée, lancée, déchirée.. Que mes membres ne ressemblent plus qu'à des "e", lettre banale et tellement utilisée qu'on en oublie son utilité.

Mes yeux se cachent dans mon coeur, entre quelques os et quelques vieilles rides filées, dansantes, qu'on appelle nerfs. Nervosée, je le suis, je ne rêve qu'en utopie, je ne suis plus sûre d'être réelle. Je suis impalpable, inattaquable, incompréhensible, si pâle.

Je n'ai plus d'oxygène, j'ai pourtant de la féminité naturelle et une surface chimique.
J'ai des bleus plein les yeux et les os, regardez-moi, je suis vide, je n'entretiens rien, je m'enterre sous quelques couches de poussière noire.
Je suis jeune, j'ai si peu de vie en moi, et encore moins devant moi.

J'ai les poumons serrés jusqu'à la gorge. Je ris à me désosser les fonctions vitales. Je pleure à en rire. Je ne pleure. Je ne.