J'ai besoin de crever mes globes oculaires, pour sentir le liquide glisser sur mes joues.. Ou bien de faire une légère coupure le long des cils, peut-être afin de déboucher le canal lacrymal...

J'ai envie de sentir de la chaleur sur ma peau, de toucher, de me sentir vivante, présente, être. Ne plus être une ombre, une poupée de cire au sourire figé, un fantôme, un fil de nylon transparent tombé sur le sol et trainé par les courants d'air par ici ou par là, emporté loin de la grandeur de la joie.

Et la brume me saisit, humide, chaude, étouffante, le brouillard s'épaissit, m'entoure complètement, de chaque côté c'est blanc, à chaque regard c'est vide de sens, c'est sans vie, c'est un fossé remplit de neige chaude impalpable, c'est un endroit blessé d'évaporation présente à tous points, partout. C'est aussi un endroit fermé, aux murs blancs comme ce brouillard, on ne les distingue meme plus, on se cogne, on s'eloigne, on se perd, on recule, on touche le vide, les murs se rapprochent, on devient fou par cette chaleur étouffante, par cette prison, par cet enfermement. Le sol se perd, on se fond dans les murs, pour fuir la masse intouchable et pourtant si puissante de ce nuage...